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Volume 27, 2016
5e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Article Number | 06009 | |
Number of page(s) | 13 | |
Section | Linguistique de l’écrit, Linguistique du texte, Sémiotique, Stylistique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20162706009 | |
Published online | 04 July 2016 |
Les interprétations des noms de titre familial en emploi non vocatif : l’embrayeur, l’empathie et les plans d’énonciation
1 Université préfectorale d’Osaka
2 Laboratoire Ligérien de Linguistique (LLL) - Orléans
Parmi les termes désignant un membre familial, certains, tels que Maman et Papa, ont des caractéristiques communes, différentes des autres vocables « ordinaires ». Nous les appelons noms de titre familial en les distinguant des noms de parenté « ordinaires » tels que mère et père. Dépourvus de déterminant, ils désignent automatiquement les membres familiaux de l’énonciateur. Ils s’emploient également sous forme non vocative. Dans ce cas, ils ne sont pas détachés et font partie de la proposition, fonctionnant comme ses composants indispensables. Or, dans cet emploi non vocatif, le référent des noms de titre familial est plus varié. Si dans Comment va maman ? maman peut être l’équivalent de ma mère, on peut imaginer aussi cette question adressée à un enfant pour désigner par ce même mot la mère de son interlocuteur. De plus, dans l’exemple suivant, maman et papa désignent les parents d’une tierce personne : Il n’y a aucune possibilité d’égalité entre les adultes et l’enfant. Il ne peut y avoir qu’un renversement de rôle, et appropriation des attributs supposés spécifiques à l’adulte (par ex. : il met les chaussures de papa, le collier de maman...). Bref, les noms de titre familial peuvent désigner un parent soit de la première personne, soit de la deuxième personne, soit de la troisième personne. Nous considérons cette apparente incohérence comme un problème textuel. Sans déterminant, ils se comportent comme embrayeurs, en ce sens que le référent varie avec la situation d’énonciation. Selon la présence ou l’absence d’empathie, ils peuvent avoir plusieurs interprétations. Deux contraintes (la Hiérarchie d’empathie du thème et la Hiérarchie d’empathie entre les participants dans une interaction verbale) développées par Kuno (1987) et Kuno & Kaburaki (1977) empêchent l’application arbitraire de l’empathie. Combinée avec cette dernière, la célèbre distinction de Benveniste (1966) entre les deux plans d’énonciation discours/histoire peut rendre compte de différentes interprétations des noms de titre familial. Sa version remaniée proposée par Adam (2011) donne une explication encore plus adaptée à ce phénomène.
Abstract
Some terms for family members, such as Maman and Papa, have common characteristics, different from other “ordinary” nouns. We call them kinship terms of address, distinguishing them from “ordinary” kinship terms such as mère and père. Without a determiner, they automatically designate the family members of the speaker. They are also used in non-vocative form. In this case, they are not detached from the clause but belong to it, functioning like its obligatory components. However, in this non-vocative usage, the referents of kinship terms of address are more varied. For example, in Comment va maman? ‘How is Mom?’, maman ‘Mom’ can be the equivalent of ma mère ‘my mother,’ but the question, if addressed to a child, can also refer to the child’s mother. Moreover, in the following example, mère and père designate the parents of a third person: Il n’y a aucune possibilité d’égalité entre les adultes et l’enfant. Il ne peut y avoir qu’un renversement de rôle, et appropriation des attributs supposés spécifiques à l'adulte (par ex. : il met les chaussures de papa, le collier de maman...). In short, kinship terms of address can designate a relative of either the first person, the second person, or a third person. We regard this apparent inconsistency as a textual problem. Without determiners, they behave as shifters in the sense that the referent varies in accordance with the situation of utterance. Depending on the presence or absence of empathy, they can have several interpretations. Two constraints (Topic Empathy Hierarchy and Speech-Act Participant Empathy Hierarchy) developed by Kuno (1987) and Kuno & Kaburaki (1977) prevent an arbitrary application of empathy. Combined with empathy, Benveniste’s (1966) famous distinction between histoire and discours can give an account of various interpretations of kinship terms of address. Its revised version proposed by Adam (2011) gives an even more relevant explanation for this phenomenon.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2016
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