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Volume 1, 2012
3e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 1877 - 1891 | |
Section | Sémantique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100278 | |
Published online | 05 July 2012 |
Tintin et le futur antérieur : de la conjecture à l'anaphore
Linguistique, Langues et Parole (LILPA), Place De L'Université - 67084 Strasbourg Cedex
* contact : jpmeyer@unistra.fr
Dans les «Aventures de Tintin» (Hergé ; 23 albums publiés entre 1930 et 1976), l’emploi fréquent et marqué du futur antérieur conjectural (FAC) mérite une attention particulière. On sait que cette forme verbale, à la fois temporelle et modale, est privilégiée dans les récits d’investigation et de détection. Elle l’est également dans la bande dessinée d’aventure policière, où la conjonction du texte et de l’image lui donne un relief supplémentaire. Dans «Tintin», le FAC prend une valeur spécifique, marquée par le statut d’enquêteur omniscient du héros. Certes, comme d’autres détectives, Tintin utilise le FAC pour imposer ses abductions. Mais plus encore, cette forme verbale lui sert à figurer par le discours des évènements non dessinés. Autrement dit, à faire exister dans le phylactère un récit absent de la chaine narrative des images, et que le FAC lui permet d’insérer après coup dans l’ordre diégétique. En racontant ce qui ne s’est pas passé, Tintin contribue à l’économie du récit et assure son emprise sur le cours des choses. L’analyse des emplois caractéristiques du FAC dans «Tintin», au regard des contextes iconiques où ils apparaissent, met en évidence le caractère sémiotique et textuel de cette forme verbale et permet du même coup de renouveler l’approche qui en est faite habituellement dans les grammaires. Le corpus des occurrences de FAC compte en effet près de 50 cas (70% des futurs antérieurs dans les «Aventures» sont de type conjectural). L’ensemble donne lieu à une typologie à quatre niveaux : du point de vue de la forme (présence/absence d’indice de plausibilité, de type lexical ou syntaxique), du point de vue de la fonction (logique, sémantique, diégétique), du point de vue de la distribution (le savoir du lecteur comparé au savoir du locuteur) et enfin du point de vue de la référence à l’évènement (scène évoquée, scène invoquée, scène référée). Ce dernier point retient plus longuement l’attention. La situation particulière par laquelle un énoncé au futur antérieur renvoie à une représentation iconique n’est en effet possible que grâce au système référentiel que la relation texte-image met en place. Or, plusieurs exemples remarquables montrent qu’un lien de type anaphorique s’installe entre le texte conjectural et l’évènement figuré (que celui-ci soit présent ou absent), et que cette anaphore utilise le FAC pour «ramener» l’image, la remettre en vue, en quelque sorte.
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
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