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Volume 27, 2016
5e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Article Number | 15002 | |
Number of page(s) | 16 | |
Section | Session pluri-thématique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20162715002 | |
Published online | 04 July 2016 |
Préservation de la morphologie, chez les malades Alzheimer au stade sévère de la maladie
Conservation of the morphology, by people with Alzheimer’ disease, at the severe stage
Université de Franche Comté Pôle Contextes, Langages, Didactiques, ELLIADD EA 4661, UFR SMP Orthophonie
L’objet de cette communication sera de montrer comment une compétence morphologique implicite résiste à l’avancée de la maladie d’Alzheimer. Nous illustrerons notre propos par les résultats de deux études visant à étudier les capacités sémantiques des patients, à travers la compréhension et la production des marques morphologiques. Nous chercherons à aborder la catégorisation non pas d’après un modèle taxinomique (Rosch), mais à travers les informations véhiculées par la morphologie. Nous nous appuierons sur des études montrant que les propriétés des signes linguistiques notamment, déterminent la structuration des catégories (Dubois et Poitou). Nous montrerons que les patients atteints de maladie d’Alheimer utilisent l’information morphologique (lexicale et dérivationnelle) pour réaliser une tâche d’inclusion catégorielle. A cette fin nous avons proposé à 30 patients MA ainsi qu’à 30 témoins, une tâche d’inclusion catégorielle. Nous avons créé un protocole expérimental constitué d’items faisant intervenir 3 variables : (1) appartenance ou non à la catégorie “Arbre” ou “Métier”, (2) avec ou sans morphème dérivationnel “–ier” et (3) morphème lexical lié (ou pseudo-lié) ou non lié au fruit/fonction. L’objectif était de mettre en exergue les effets respectifs du morphème lexical et du morphème dérivationnel. L’analyse des résultats révèle que l’information conjuguée portée par morphème lexical et le morphème dérivationnel “–ier” est opérante, pour les malades comme pour les témoins. Les malades utilisent davantage les informations portées par la langue que les témoins. Il existe donc une robustesse de la morphologique, en mémoire implicite, qui permet aux sujets de répondre à la tâche d’inclusion catégorielle. Ainsi, les difficultés lexico-sémantiques des patients ne se posent pas uniquement en terme de difficulté d’accès ou de perte des représentations sémantiques ainsi que le suppose la psychologie cognitive, puisque patients et témoins peuvent traiter les items comme signes linguistiques. La deuxième étude que nous présenterons est centrée sur la production des néoformes, à partir de l’analyse de corpus d’une patiente porteuse de la Maladie d’Alzheimer au stade sévère. Nous tenterons de montrer comment ces manifestations, dont le nombre augmente avec l’avancée de la maladie sont à considérer, non pas comme la marque d’une désintégration irréversible du langage mais comme de véritables mécanismes de compensation, qui revêtent les caractéristiques morpholexicales et morphosyntaxiques du code linguistique. Ces deux études tendent à démontrer que les productions, apparemment dépourvues de sens, peuvent en réalité être considérées comme des idiolectes. Ces idiolectes restent dépendants, même au stade ultime de l’évolution de la maladie, des règles du code linguistique, implicitement construites par chaque sujet. Les troubles du langage, dans le cadre des maladies neurodégénératives, ne peuvent donc être considérés sous l’aspect d’une “perte du langage” voire d’un “désapprentissage de la langue”.
Abstract
The aim of this communication is to show how Alzheimer’s disease does not disrupt the implicit morphological knowledge. We present two studies in order to reveal the semantic abilities of patients, through both understanding and producing morphological markers. We consider categorization process, not from a taxonomic model (Rosch), but through the information conveyed by morphology. According to this model, the properties of linguistic signs determine the structure of categories (Dubois and Poitou). We will try to show that people with Alheimer’s Disease (AD) use morphological information (lexical and derivational) to succeed in doing a categorical inclusion task. We proposed to 30 AD people and 30 matched healthy subjects, a task of category-specific inclusion. We created an experimental protocol constituted by items bringing in 3 variables: (1) membership or not in the category “Tree” or “Work”, (2) with or without derivational morpheme-“ ier ” and (3) lexical bound (or pseudo-bound) morpheme or not bound to the fruit / function. The aim was to highlight the respective effects of the lexical morpheme and the derivational morpheme. The results show that the combined information carried by lexical morpheme and the derivational morpheme-“ ier ” is effective, for the AD people as for the matched healthy subjects. People with AD use more the information carried by the language than the others. The results point out a resilience of morphology, in memory implicit, which allows the subjects to succeed the task of category-specific inclusion. So, the lexico-semantic difficulties of the patients do not depend only on difficulty of access or loss of the semantic representations as well as supposes it cognitive psychology, because AD patients can process items as linguistic signs, a well as do healthy subjects. The goal of second research is to study production of neoforms, through the analysis of corpus of an AD patient at the severe stage. We shall try to show how the production of these terms increases with the advance of the disease. Furthermore, these productions are to be considered not as mark of an irreversible destruction of the language but as of real mechanisms of compensation, which take on the morpholexicales and morphosyntactic characteristics of the linguistic code. These results tend to demonstrate that the productions, apparently meaningless, can be considered in reality as idiolects. This idiolects respect the rules of the linguistic code, implicitly built by each one, even at the ultimate stage of the disease. Thus, speech difficulties, cannot be considered as a “ loss of the language ” and nor a “regress of language”.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2016
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