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Volume 1, 2012
3e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 989 - 1000 | |
Section | Lexique(s) | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100091 | |
Published online | 05 July 2012 |
Les dictionnaires bilingues lituaniens, des miroirs déformants du français de la France ?
L'Université de Vilnius, Universiteto str. 5, LT-01131 Vilnius, Lituanie
* contact : dang3@takas.lt
La richesse incroyable de la production lexicographique monolingue en France devrait servir, paraît-t-il, de système de référence bien solide pour la lexicographie bilingue de l’Hexagone ainsi que pour celle des autres pays. Pourtant il serait intéressant de se poser la question si l’existence de ces monolingues de qualité est toujours prise en compte dans les lexicographies bilingues nationales et si ces dictionnaires servent toujours de fil conducteur, permettant de ne pas s'égarer dans les labyrinthes de la langue française. Le but de cet article est d’essayer de donner la réponse, si les bilingues lituaniens sont toujours des miroirs, susceptibles de refléter fidèlement l’état actuel des langues qu’ils décrivent, ou, au contraire, des miroirs déformants, donnant leur image terne, et même complètement erronée. Ayant choisi comme objet d’analyse cinq bilingues lituaniens d’encodage et de décodage, réalisés entre 1957 et 2006, l’auteur de cet article se concentre sur la fixation de certains emplois du français non-standard, notamment des mots-tabous, au niveau macrostructurel et sur leur description au niveau microstructurel. L’analyse des bilingues lituaniens a permis de constater qu’après l’an 2000 les mots-tabous ont commencé à pénétrer progressivement dans leur nomenclature en rompant avec la tradition soviétique de la lexicographie « châtrée». L’étude des articles consacrés aux mots-tabous dans ces bilingues a montré que les lexicographes ne sont pas toujours suffisamment attentifs au traitement lexicographique de ces lexèmes. Les utilisateurs de ces dictionnaires sont souvent trompés en n’y trouvant pas de marques spéciales qui montrent la place du mot-tabou concret dans la hiérarchie socio-langagière. Ils sont trompés à plus forte raison si le mot appartenant au registre familier et surtout au registre vulgaire, est traduit par un équivalent tout à fait neutre sans aucune indication supplémentaire. La présence du lexique de ce type au niveau macrostructurel engage le lexicographe à le traiter « correctement » au niveau microstructurel : d’abord, il doit fixer sa place dans la hiérarchie socio-langagière, en utilisant les indications « familier », « vulgaire », « trivial » ; ensuite, il est contraint d’éviter la censure dans la microstructure (la définition pudibonde, absence d’exemples et de synonymes). L’attitude incorrecte vers les mots-tabous diminue sérieusement la valeur informative des bilingues lituaniens en risquant de les transformer aux « miroirs déformants » du français de France et éroder gravement la confiance des utilisateurs. Les rédacteurs de futurs bilingues lituaniens devraient donc en être aussi conscients que consciencieux et suivre fidèlement un exemple remarquable de la lexicographie monolingue française.
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
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