Le jeu des contraintes dans la sélection du thème présuffixal

¹ Université Toulouse-Le Mirail, Le Péloy, Chemin de la Roudigue, 31600 Muret, France
² CLVA, 22, allée de Montcalm, 31520 Ramonville, France

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Résumé

Dans le cadre d’une morphologie lexématique, les notions de thème et d’« espace thématique » ont fait leurs preuves pour rendre compte de l’allomorphie radicale des lexèmes en ce qui concerne la flexion. Leurs premières applications à la dérivation ont été prometteuses, mais un examen plus systématique soulève de nombreuses difficultés. L’articulation entre flexion et dérivation, forte pour les verbes, est faible pour les adjectifs et nulle pour les noms. Dans ces deux catégories, des travaux récents ont fait apparaître un important polymorphisme (plusieurs formes pour un même thème). La distinction entre un thème présuffixal « populaire » et un thème présuffixal « savant » reste pertinente, mais la sélection de l’un ou de l’autre n’est nullement automatique : elle entre dans un jeu de contraintes, comme, à l’intérieur de chaque thème, le choix des formes qui peuvent s’y trouver en concurrence. Ces contraintes sont principalement d’ordre lexical et visent à la cohérence de la famille dérivationnelle à laquelle appartiennent le lexème et son dérivé ; à la cohérence de la série dérivationnelle dans laquelle le dérivé doit s’intégrer ; à la cohérence entre le thème sélectionné et le registre – populaire ou savant – auquel appartient le mode de formation. Elles visent également un maximum de sauvegarde, dans le dérivé, des dimensions phonique et graphique de la forme libre. Elles visent enfin une « bonne formation » phonologique du dérivé : syllabation, dissimilation, optimum prosodique.