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Volume 8, 2014
4e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 2179 - 2195 | |
Section | Discours, Pragmatique et Interaction | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801346 | |
Published online | 24 July 2014 |
Vulnérabilité de l’organisation des interactions institutionnelles face aux écrans : le cas singulier du traitement d'un appel visiophonique au tribunal
Télécom ParisTech, 46 Rue Barrault, 75013 Paris, France
Contact : clair-antoine.veyrier@telecom-paristech.fr
L’usage de la visioconférence pour rendre justice a considérablement augmenté dans le système judiciaire français, plus particulièrement lors des pré-procès, afin de réduire les coûts d’extraction des prévenus en prison. En terme d’organisation de la parole, les audiences rendent compte des caractéristiques propre aux interactions institutionnelles (Drew & Heritage 1992), en particulier concernant l’organisation des tours de parole. Cette dimension institutionnelle de l’organisation de la parole permet de maintenir l’intelligibilité de ce qui se produit à la cour comme des actions reconnaissables pour le justiciable. Le président de séance s’oriente vers le maintien de cette intelligibilité en organisant la parole et en veillant aux droits participatifs des membres pour accomplir l’équité de l’audience. L’introduction de la visioconférence et plus généralement d’ « écrans connectés » produit des droits et obligations dans la gestion des connexions et le traitement des apparitions distantes. La gestion de ces écrans modifie les pratiques interactionnelles. Nous souhaitons montrer dans cet article comment les « écrans connectés » rendent vulnérable l’organisation de l’interaction institutionnelle. Nous le montrerons à partir d’un phénomène particulier, celui de l’établissement de la connexion avec le site distant. L’irruption d’un appel dans un espace distant produit une forme de vulnérabilité qui implique la gestion d’une multiactivité pour « l’appelé » (Licoppe & Tuncer, à venir). Pour cette raison, la cour initie toujours les appels visiophoniques pour garder le contrôle de l’organisation des audiences. Nous montrerons que, même dans ce cas, l’appel produit aussi des attentes normatives pour l’appellant qui peuvent modifier et interrompre la progressivité du déroulement de l’audience. Notre étude s’appuie sur un travail de terrain dans les cours d’appels de deux villes française et s’inscrit dans un projet plus large sur l’usage de la vidéoconférence dans les tribunaux. Dans une perspective d’analyse de conversation (Schegloff 1987), l’analyse d’un cas singulier d’appel visiophonique qui aboutit à un placement séquentiel inhabituel (en pleine audience) révèle les attentes normatives de la production d’un appel, en particulier la disponibilité de l’appelant. Nous montrerons comment les membres s’orientent vers les attentes normatives de la production de l’appel et gèrent la multiactivité en interférrant sur la progressivité du déroulement de l’audience.
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2014
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