Examen critique de quelques arguments avancés en faveur de l'hypothèse de la valeur première. L'exemple du verbe donner

FORELL Formes et Représentations en Linguistique et Littérature, MSHS, 99 avenue Recteur Pineau, 86000 Poitiers, France

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Résumé

Le verbe donner est un des verbes les plus fréquents et les plus polysémiques du français. Il existe de nombreuses hypothèses visant à rendre compte de la polysémie lexicale des verbes français, et du verbe donner en particulier. Parmi celles-ci, l'hypothèse de la valeur première constitue une hypothèse centrale, qu'il s'agisse de la soutenir ou de la remettre en cause. Différentes hypothèses alternatives ont cependant vu le jour au cours des dernières décennies, qui conduisent à modifier notre perception de ce que pourrait être la valeur première d'un verbe. Nous proposons donc d'examiner les arguments qui peuvent être avancés en faveur de cette hypothèse, en prenant pour point de départ l'argument selon lequel cette valeur est conforme à l'intuition du locuteur natif, et devrait conduit à accorder la primauté, dans le cas du verbe donner, à la valeur de transfert et au domaine de la spatialité. Nous envisageons ensuite différents arguments qui se fondent sur la primauté de la valeur première dans l'ordre de la diachronie et de l'acquisition du langage, ou qui se fondent sur la syntaxe propre au verbe donner, et sur la fréquence d'emploi de la valeur première de ce verbe. L'examen de ces différents arguments nous permet d'apporter des éléments de réponse sur le statut épistémologique de l'hypothèse de la valeur première, et sur l'usage qui peut en être fait d'un point de vue heuristique et méthodologique.