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Volume 8, 2014
4e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 23 - 43 | |
Section | Conférences plénières | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801396 | |
Published online | 24 July 2014 |
À la recherche du schwa : données, méthodes et théories
Université de Toulouse II, CNRS et IUF, 31058 Toulouse, France
Contact : jacques.durand@univ-tlse2.fr
Ce travail sur les variétés du français se donne pour objet l’étude du schwa. Ce terme, qui était déjà utilisé par Arnauld et Lancelot dans la fameuse grammaire dite de Port-Royal (1660), n’est ni meilleur ni pire que des termes concurrents comme « e muet » ou « e caduc ». En effet, quelques simples rappels historiques démontrent que ce qui une entité phonologique pour certains est une illusion pour d’autres. Nous opposerons, en particulier, la tradition fonctionnaliste inaugurée par André Martinet (1945, 1969) à la tradition générative qui se déploie dans le sillage des travaux de Sanford Schane (1968) et François Dell (1973). Nous chercherons à montrer que le renouvellement des données qu’offre le programme Phonologie du Français Contemporain (PFC) : usages, variétés et structure (Durand, Laks, Lyche 2009, 2014) permet de mieux cerner cet objet fugace qu’est le schwa dans la diversité des pratiques linguistiques. Au sein de l’hexagone, nous opposerons les variétés méridionales aux variétés septentrionales et comparerons nos résultats avec des travaux en cours sur le français en Suisse romande. Pour la position finale de mot, nos enquêtes démontrent que Martinet (1969) avait raison par rapport à la tradition générative de reconstruction de schwas sous-jacents abstraits. En ce qui concerne les syllabes initiales, nous montrons en revanche que la tradition générative représentée par Dell (1973), en particulier, est mieux en phase avec les données septentrionales ou suisses. Pour les variétés méridionales, nous montrons que chaque position au sein des mots (syllabe initiale, interne, finale) requiert une analyse différente et que le système est en forte mutation. Nous examinons enfin le schwa en Suisse romande et présentons des travaux novateurs au sein du programme PFC (Andreassen et Racine 2013) sur la durée de la réalisation du schwa dans trois variétés : les locuteurs vaudois et valaisans semblent maintenir davantage le schwa que les Neuchâtelois, mais avec des schwas plus variables, qui peuvent parfois être très courts. Ces résultats récents interrogent l’analyse phonologique traditionnelle du schwa, limitée à un processus catégoriel (présence vs absence). En outre, au niveau psycholinguistique, ils apportent des données intéressantes dans le débat qui oppose les tenants de l’approche abstractionniste à ceux de l’approche exemplariste, en favorisant plutôt la deuxième approche ou une approche intermédiaire, très en vogue actuellement, celle des modèles hybrides (Nguyen, Wauquier et Tuller, 2009).
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2014
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