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Volume 1, 2012
3e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 1829 - 1844 | |
Section | Sémantique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100086 | |
Published online | 05 July 2012 |
Indéfinis épistémiques en français et en japonais
Université d'Okayama, 3-1-1, Tsushima-naka, 700-8530 Okayama, Japon
* contact : kaneko06@cc.okayama-u.ac.jp
Cette étude vise à approfondir nos connaissances sur les indéfinis épistémiques (ceux qui expriment la lecture d’ignorance et manifestent une propriété sémantique "variation modale") à travers l’examen du “quelque” au singulier en français et l’indéfini prénominal en japonais. Les études précédentes sur les indéfinis épistémiques dans les autres langues montrent que certains d’entre eux transmettent aussi la lecture de polarité négative et/ou celle de libre choix dans les environnements différents, et proposent, afin de rendre compte d’une telle divergence, soit 1) une approche pragmatique qui consiste à analyser, en réduisant la sémantique d’un indéfini à celle de la disjonction d’alternatives, les différentes lectures comme des implicatures conversationnelles dérivées de la disjonction, soit 2) une approche sémantique qui les traite comme des implicatures conventionnelles. Après avoir montré qu’aucune des deux approches n’explique pas pleinement toute seule les distributions des indéfinis épistémiques en japonais et en français, il est d’abord soutenu, pour l’indéfini prénominal du japonais, qu’en raison des facteurs diachroniques, il reçoit deux interprétations dans les différents environnements, parallèlement à l’ambiguïté d’une particule (interrogative ou disjonctive) qui en fait partie : i) interprétation de la question indirecte parenthétique, qui entraîne, dans une phrase épisodique ou avec la modalité épistémique, la lecture d’ignorance comme une implicature conventionnelle ; ii) interprétation de la disjonction d’alternatives, qui dérive, avec la modalité déontique, la lecture de libre choix comme une implicature conversationnelle. La lecture de polarité négative n’est véhiculée par aucune des deux interprétations, étant donné i) l’incongruité de demander l’identité du référent dont l’existence est niée et ii) la portée nécessairement large de la particule disjonctive japonaise par rapport à la négation directe. Il est ensuite suggéré pour “quelque” du français, en profitant des analyses antérieures, que : i) tout en étant partiellement lexicalisée, sa lecture d’ignorance n’est qu’un effet dû à sa relation serrée avec l’évidentialité inférentielle qui est le noyau de sa sémantique lexicale ; ii) l’impossibilité de la lecture de polarité négative est attribuée à l’incompatibilité avec la vocation existentielle commune à la série d’expressions incluant “quelque”, y compris le “quelques” au pluriel, “quelqu’un” et “quelque chose” ; iii) la lecture de libre choix est une implicature conversationnelle violable, mais est préférée à cause de la persistance d’une partie de la sémantique de la construction d’origine. La présente étude préconise ainsi la nécessité de tenir compte, pour expliquer les propriétées distributionnelles d’un indéfini épistémique, des aspects diachroniques et des propriétés sémantiques de ses composantes, avant de postuler rapidement une explication unificatrice.
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
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