Éléments pour une sémantique de ON

LT2D, Université de Cergy-Pontoise, France

Lise.hamelin@u-cergy.fr

Résumé

Les études consacrées au pronom on se fixent en général pour objectif, soit de rendre compte du fonctionnement textuel, discursif, énonciatif, du marqueur, soit de rendre compte des possibilités de traduction de on par la mise en contraste avec d’autres systèmes linguistiques et/ou l’étude de la traduction. Ces approches ont livré des apports indiscutables, sur lesquels nous reviendrons rapidement. Elles illustrent des démarches et des méthodologies différentes mais ont en commun le fait qu'elles posent la question de l’identité de on dans la perspective d’une p roblématique référentielle. Dans ces pages, nous proposons d’envisager ce pronom sous un autre angle, celui de son fonctionnement, de son comportement en contexte. S’interroger sur ce que fait on, c’est aussi se demander ce qui fait on, et proposer un autr e regard sur ce pronom. On laisse de côté les approches diachroniques du pronom, nous fixant comme objectif de rendre compte de son fonctionnement en synchronie. En effet, dans ces pages, nous envisageons ce pronom sous l'angle de son fonctionnement, de so n comportement en contexte. S’interroger sur ce que fait on, c’est aussi se demander ce qui fait on, et proposer un autre regard sur ce pronom. Plus précisément, nous postulerons que on est la trace d'une opération énonciative particulière, définitoire, do nt la mise en œuvre va générer en contexte différents effets de sens (pudeur, hypocoristique, distanciation) et se satisfaire d'une grande variété de contenus référentiels. On s'appuiera sur un corpus d'énoncés attestés récents (textes français des années 2010 issus essentiellementde FRANTEXT et occurrences tirées du web) sur lesquels on procédera à des manipulations pour montrer que l'emploi de on, en particulier lorsque son référent est aisément identifiable, témoigne d'un refus de prise en charge d'énonc iative et/ou d'un refus d'implication du locuteur dans l'événement dont il rend compte, d'une part; et, d'autre part, que l'emploi d'un tel marqueur déstabilise la relation prédicative de telle manière qu'elle accorde un statut particulier aux propriétés d u prédicats, qui se trouvent mises en valeur.

Abstract

So far, works on the French pronoun on have focused on two major goals : accounting for the functioning of on, as far as the discours and stylistic aspects are concerned or accounting for the différent possibilites available to translate this pronoun in other languages. These approaches have provided valuable results and observations, which will be reminded to the reader. They resort to different theoretical backgrounds and tools but share one common purpose : report on the referential construction of on. Here, I would like to try another angle by paying particular attention to the pronoun's behaviour and functioning in relation to the context in which it appears. Wondering what on does is also questioning what on is and proposing another approach to the problem. More acurately, I will present a hypothesis according to which on marks a particular enunciative operation that is its modus operandi, and the way this operation interacts with the conte xt triggers the different senses of the pronoun (reserve, modesty, affection). This work relies on examples taken from French novels from the 2010s, and occasional occurrences from the world wide web. These examples will be altered to test our hypothesis which is the following : on denotes a refusal from the utterer and or the speaker to get involved in the process they are refering to, on the one hand, and, on the other hand, on unbalance the predicative relation, and thus, gives particular importance to t he properties of the predicate at the expense of the subject.